LITTLE BIG x LA PRIÈRE DU POULET x ANNIE B

JEUDI 14 AOUT 2014. LE PETIT BAIN. PLEIN TARIF : 14.00 EUROS.

J’ai quitté le chantier de fouille de Briga plus tôt que prévu pour ne pas manquer ce premier concert français des russes allumés de Little Big. Les quais de la BNF par lesquels je passent pour me rendre au Petit Bain sont d’autant plus agréables à cette période de l’année que Paris est dépourvu d’une grande partie des parisiens. La queue devant la salle est constituée de 80 % de métaleux et de punks à chiens, ce qui en dit long sur l’essence de Little Big, pourtant branché Rap et Electro dans les faits.

Le groupe est dehors et réponds aux sollicitations des fans avec plaisir tandis que la nana à côté de moi dans la file est interviewée pour l’émission Tracks d’Arte. Pour une fois je ne choisi pas le pit mais le mini balcon du côté droit où s’entasse déjà tout les photographes. Il faut dire que la vue y est terrible et qu’on est à proximité immédiate de la scène.

Comme le sac d’Hermione dans Harry Potter le Petit Bain est bien plus grand à l’intérieur que l’extérieur ne le laisse supposer. Annie B est chargée de nous faire patienter avec un electro sympa teinté de reprises de Little Big qui le sont moins. C’est quoi ce délire actuel de mettre des DJ en première partie qui remixent des titres du groupe qu’on vient voir ? Qui à un jour pensé que ça pouvait être une bonne idée ?

Little Big ayant un bon côté kéké le groupe a rameuté tout ce que le milieu comptait de beaufs, venus tout spécialement pour picoler et régresser au stade anal. Le changement de plateau passe par l’intégralité du spectre des débilités qui font marrer les métaleux : la digue du cul, Jacquie et Michel, la Fistinière, Patrick Sébastien, il va faire tout noir, un enfant ça porte pas plainte et l’indétronable « Philippe ! Je sais où tu te caches ! ». On sent que l’époque des festivals n’est pas encore close.

Je ne sais pas à quoi tourne La Prière du Poulet mais je suis prête à parier que c’est un truc qui détruit les connexions neuronales. Costumes moches, paroles absurdes, lancer de bananes, danseuses à l’opposé du gracieux, leur musique m’évoque une poubelle où s’entremêlent aléatoirement et avec un résultat hasardeux le Hardcore, le Zouk, le Reggae, l’Electro et le Punk. Une sorte de rejeton monstrueux issu d’un gang bang entre Stupeflip, Costa Gravos et Ultra Vomit. Sous lexomil le gang bang.

Un mec nommé Damien, grimé en clown, est invité sur la scène pour être converti au culte du poulet tandis que les musiciens brisent deux guitares qu’ils jettent dans la fosse aux ours où les protagonistes s’écharpent pour récupérer les morceaux. Après cette petite Apocalypse on attend Little Big sous les chants de polkas avinés du public. L’intro est interminable, à base de son de boîte à musique et de papier peint de babouchka.

Le rugissement qui accompagne With Russia From Love avait le potentiel de renverser la péniche à lui tout seul. Le bordel qui s’ensuit est indescriptible : des gens sont suspendus aux barrières et aux piliers, le pit est masqué par les slamers et les stage-diving, des personnes se font évacuées, saignantes ou évanouies, dont un mec K-O traîné par les pieds hors de la fosse. L’ambiance et la chaleur montent sans le moindre répit.

Illitch a tombé le haut dès le premier titre et les cheveux d’Olympia sont trempés de sueur. En dépit de soucis de micro la fosse ne désarme pas, faut dire que les deux chanteurs haranguent continuellement la foule même sans matos. Un jump da fuck up fait littéralement tanguer le navire, et ce n’est pas du à la vodka que les artistes offrent au premier rang avant le rappel. Qui sera, évidemment, la bien nommée Everyday I’m drinking.

L’ambiance visuelle mélange décors traditionnels russes et look racaille sur fond d’images psychédéliques. La musique rap-rave est exécuté dans un esprit punk gitan pour un public de métaleux. Ce concert c’est la collision dantesque de tout ce que la société comporte de rebus. Un Ovni tellement précis dans sa cible que le groupe n’a pas d’équivalent dans le monde.

Assurément, tout ceux qui n’étaient pas présent ce soir là ont a minima raté leur soirée et sans contexte l’un des meilleurs live de l’année.

Laisser un commentaire