HELLFEST 2016

19, 20 ET 21 JUIN 2016. CLISSON. PASS 3 JOURS : 197.50 EUROS.

JEUDI

Ralph et Yoni insistent pour aller en courses et faire la queue pour la pose des bracelets. Qu’ils y aillent, moi je compte bien profiter des derniers instants de calme et me pointer comme une fleur à 20h. J’accueille tout de même Mika, Yannick et Bastien à qui j’ai gardé une place non loin de la notre, debout en k-way vert immonde sous la pluie qui arrosé le site.

Vers 18h30 je me motive quand même à bouger mon cul et me pointe au Klub à 19h15 histoire de faire le tour des copains. Puis Calou et moi ressortons sociabiliser avec les potes non culteux, à commencer par Yannick et Mika pour le traditionnel apero vin rouge Beaufort. La shagasse nous y rejoins avec deux Jagerbombs dans les mains, une manière de rendre la politesse pour la fois où on l’avait récupéré à la gare Montparnasse. Je laisse ensuite la bande pour retourner au Klub profiter d’Olivier et Antoine, mes mosheurs préférés, de notre bien aimé Val et d’un Thrasher déchaîné en état d’ébriété qui a décidé de m’emmerder sur le soi disant changement de personnalité qu’aurait provoqué ma mise en couple. Mais bien sûr, et mon cul c’est de la dinde ?

VENDREDI

Je me suis levée tôt pour voir Witches mais comme d’habitude la queue à la cathédrale est plus longue qu’une pub TF1 et je rate leur set sans même être rentrée sur le site. Bon, on va rejoindre cette bonne vieille Warzone pour un réveil en douceur au son de Cowards.

Qu’ont-ils fait ??! Où est passée ma zone de guerre cradingue et blindée de punks ??! Tout à changé, comme si l’équipe de C’est du propre était venu récurer et aseptiser la zone la moins fréquentable du Fest. Alors oui, le résultat est à couper le souffle : une terrasse avec des gradins a poussée au milieu des vignes, couronnée d’une statue géante de Lemmy Kilmister. Des murs barbelés et des miradors délimitent le lieu, et des guillotine agrémentent les entrées. Et surtout, la zone est devenue attirante. Trop attirante. Bonjour les touristes !

Je rejoins Ralph aux tentes et on ne revient que pour Halestorm à 14h30. Il est amoureux de la chanteuse. On voit la fin du set du Bal des Enragés, ce qui me permet d’apprécier mon merveilleux Poun (chacun ses amours). Puis je pars en quête de tartiflette pendant que l’homme et le beau frère matent Lzzy Hale. J’admet que les australiens envoient du bon son.Vient ensuite le tour de Mass Hysteria. Et là c’est le drame. J’ai pourtant essayé d’être sage, mais au moment où j’ai senti venir la fin j’ai balancé toutes mes affaires à Ralph et j’ai foncé rejoindre les bretons dans le pit où, tel le petit papa Noël, ils étaient descendus distribuer les mornifles. L’instant est aussi fun qu’en 2013, et après un bref sprint dans le circle pit histoire de dire, je suis allée taper le high five à Mouss.

Un wall of death gigantesque a suivi. Je suis à peu près au troisième rang du mur de droite en regardant la scène. L’emplacement est important, car je suis du mauvais côté de la fosse, dans le mur qui va plier sous l’assaut de l’équipe adverse… Et se renverser sur lui même. J’ai reçu sur la gueule une vague humaine constituée de centaines de pouilleux. J’arrive à peine à respirer sous le poids, et pourtant une douleur intolérable au pied droit me ferait presque oublier l’asphyxie qui guette. A ce stade je pense que j’ai le talon irrémédiablement brisé et je prie pour qu’on m’achève. Je me relève pourtant après de longue minutes à attendre que ceux du dessus dégagent, tandis qu’un second wall of death se prépare. Je slam pour évacuer la zone avant de prendre une seconde couche. Me voyant boiter, le Challenger Rouflaquette me soutient jusqu’aux secours qui m’évacuent vers le poste via la zone VIP où Sacha le viking en carton trône entouré de son harem.

Je n’ai pas mes affaires, je ne peux donc prévenir personne, et en plus je rate Anthrax. Le médecin qui me prend en charge pense aussi que j’ai le talon brisé, cependant il me laisse le choix : soit on m’évacue immédiatement vers un hôpital et je rate le Fest, soit je serre les dents trois jours, sans béquilles, et j’y vais ensuite. Le choix est vite fait pour ma part. C’est à cloche pied que je me traîne vers le Klub. Ronan m’immortalise devant l’entrée avec Antoine, ma chaussure de sécurité à la main et une trace de pompe en 43 en travers de la gueule. Je me souviens même pas m’être faites piétiner mais ça fait marrer tout le monde, à commencer par Jean qui envoi un message à mon homme. Quand je pense à tout les concerts que je rate et à tout ceux que je ne pourrais pas faire en fosse…

Ralph me récupère et me pose devant Bullet for my Valentine avec un siège pliant. Ah ben merci. Yannick et Mika me rejoignent pour Hatebreed et me remontent le moral en adaptant les morceaux qui deviennent « Destroy every feet », « Every feet bleeds now », « Smash your feet », « Last foot » et évidemment quand on arrive au couplet « Now… It’s the time…for me to rise…to my feet » c’est l’explosion de rires. Hahaha…Fuck!

Je n’ai rien de plus à ajouter sur Volbeat que je n’ai déjà dit au Download. C’est sympa mais vite long quand on est pas spécialement fan. Dropkick Murphys en revanche c’est une tuerie monumentale, si bien que je me relève pour danser à cloche pied avec nos voisins qui sont déchaînés, au grand dam de Ralph, revenu entre temps, que les gens qui bougent gonflent. Rabat joie. Mais il est déjà l’heure de Rammstein ! On est mieux placés qu’au Download mais entre la fatigue et la position flamand rose, difficile d’apprécier mon groupe préféré. J’en viens à espérer que ça se termine vite. Et sur le final, je pense en rester là pour la journée. Sauf que…en me rendant aux chiottes de la Warzone, j’entends Offspring commencer. Je me motive une ultime fois et reviens dans une fosse qui s’est largement vidée. Bien m’en a pris. Parce que les punks pouet pouet sont carrément bons ! Moi qui redoutait que l’âge ait amolli leur prestation, je fus mauvaise langue, car les gus n’ont rien perdus de leur fougue FM !

SAMEDI

Tu sens que tu vieillis quand au lieu d’être là première levée pour ne surtout pas manquer le groupe inconnu qui pourrait se révéler être une pépite tu préfère paresser au lit jusqu’à 15h. Où peut être est ce parce que pour la première fois en quatre éditions je profite d’un vrai matelas plutôt que d’un tapis de sol. Mais je divague. Vague.

De toute façon il n’y avait qu’un groupe que je ne voulais pas rater à 15h50 du matin : Agoraphobic Nosebleed. Le Grindcore progressif de ce groupe n’étant effectivement appréciable en live qu’une fois toutes les éclipses, le nombre total des concerts qu’ils ont donnés dans leur carrière comporte moins de chiffres que je n’ai de doigts sur une seule main. Je peux résumer mon ressenti en quelques bribes de phrases qu’on peux mettre en parallèle avec les quelques bribes de passages mélodiques du set : gonzesse aux cheveux bleus qui gueule. Electro grind. Oh, un accord harmonieux ! Ouais, c’était bien moins ouf en vrai que sur le papier. Avec tout ça il est déjà 16h30, l’heure de la tartiflette. Et pour la suite je décide de laisser carte blanche au destin en la jouant au plouf plouf. Ce sera donc Fleshgod Apocalypse. Question existentielle : la mode est-elle innée chez les italiens ? Parce que bon, c’est du Metal, même avec du chant lyrique ça reste du Metal, aussi vrai que coller deux ailes à un cheval n’en a jamais fait décoller un du sol. Et le sens du style est probablement la dernière qualité que j’accorderai aux personnes du milieu.

Pourtant nous voilà face à des musiciens tout droit sortis de la Renaissance vénitienne. Qui font de la bonne musique. Je passe l’éponge pour cette fois. Mais je ne reste pas jusqu’au bout parce que bon, il y a Sick of it all qui passe bientôt en main stage, faut pas déconner. Et alors que je bondis vers la main stage 02 le destin (encore lui) met sur mon chemin Batoo et Foreigner. Pile au moment où se joue I want to know what love is. Un titre qu’on adore tout les deux. C’est ainsi que nous nous lancament dans un slow aussi incongru qu’inoubliable. Et vous savez quoi ? Avec le recul ça a été l’un des meilleurs moment de cette édition 2016.

Alors oui, j’avais promis à Ralph que je foutrai pas mon pied restant dans un pogo. Mais quand celui ci vient à toi, il y a faute de l’adversaire non ? Après tout, je n’avais fait que me mettre en périphérie du pit de Sick of it all, a l’instar de l’alcoolique repenti qui bien que tournant au coca veut profiter tout de même de la soirée. Ainsi quand s’ouvre un wall of death te propulsant au premier rang du mur, il serait indécent de décliner. Et c’est dans ce chaos que l’espoir resurgit dans mon cœur d’estropiée quant au déroulement du reste du festival. Beau moment de piété Hardcore. Et vous savez quoi ? Il ne reste que quelques minutes avant le moment que j’attendais le plus. Mon premier concert de Disturbed. Une place au premier rang s’impose, d’où j’écoute Joe Satriani faire démonstration d’une virtuosité aussi impressionnante qu’elle est chiante à mourir. Exception faite du titre Surfing with Aliens, mais là c’est la nostalgie qui s’exprime.

Enfin David Draiman surgit. Visiblement la renaissance du groupe s’applique aussi à lui. Où l’inverse. Ten thousand fists in the air est reprise par autant de festivaliers poings levés. La setlist est remarquablement bonne avec une place de choix accordée à The Sickness. Deux moments sortent du lot : l’interprétation intense de The Sound of Silence, qui fout les poils à toutes les personnes dotées d’un cœur et d’oreilles fonctionnelles (c’est à dire à l’exception respectivement des blackeux et des fans de Grind). Puis l’instant mash up qui mélange allègrement Killing in the Name et Shoot at the Devil, pour laquelle Nikki Six himself vient gratter. Je suis devenue folle. Preuve en est qu’être fan fait perdre tout sens critique, j’ai trouvé la concert bon alors que tout le reste du Fest a été unanime à critiquer sa mollesse.

Mon Hellfest 2016 manquait un tantinet de Punk jusqu’ici. Il était temps d’y remédier en aller jauger la prestation des respectés Bad Religion. Qui ont mis peu de temps à perdre le mien, de respect : depuis quand des mecs de 45 piges qu’on jurerait être journalistes au Nouvel Obs, mous du gland, et avec un accordage Rock s’érigent-ils en fer de lance du Punk engagé ? Décidément la Warzone est aussi décevante en 2016 qu’elle fut délirante en 2015. Comme quoi il suffit pas d’une belle déco pour coller une âme à un lieu. Je regrette ma vieille Warzone cradingue et déglinguée. Celle ci est aussi propre et vide que le groupe qui joue actuellement. Moche.

Toute a ma déception je rejoins Ralph devant la mainstage 02 où l’on se place au second rang dans la perspective de voir Korn. En patientant on mate Twisted Sister, groupe phare de mon enfance, tirer sa révérence au monde du Metal. Dee Snyder est beau comme un camion et dans une forme physique à faire rougir 70% d’un public trente ans plus jeune que lui. Mais il y a un énorme problème avec ce show. Il est long très long. Ridiculement long. Indécemment long. Sans déconner, ils ont fait durer I Wanna Rock et We’re not gonna take it quinze minutes chacune !

Quinze putain de minutes. On a repris les refrains encore, et encore, et encore. J’adore ces morceaux. Je ne veux plus jamais les entendre durant les cinq prochaines années. Overdose. Mort cérébrale. Et puis on enchaîne sur l’hommage à Lemmy, et vous savez quoi ? C’est encore plus long ! Ils l’ont fait ! Vidéos, diaporamas photo, discours de Phil Campbell et Ben Barbaud, tout y passe, jusqu’au summum de la gêne : dix minutes du live de 2015 qui ressemblent à une lente agonie et ne servent qu’à rappeler l’état de décrépitude dans lequel survivait le légendaire frontman. Enfin le feu d’artifice clôt le carnage.

Dieu merci il y eu Korn pour oublier. Ils nous livrent un excellent concert et nos places nous permettent de ne rien rater des expressions faciles des musiciens. Enfin, si on exclu les 354 slamers qui nous sont passés dessus. La setlist, similaire à celle du Download, fait comme si les quatre derniers albums n’avaient jamais existés. Tant mieux. Car si la qualité de leur dernier né est plus que discutable, s’agissant de maîtrise scénique personne ne peux contester leur statut de tête d’affiche. Entre deux couplets chantés tête contre tête avec l’homme, celui ci se fait tripoter, ainsi que Batoo à nos côtés, par un certain Philippe. Parce que dixit l’intéressé « Philippe il est PD ! ». Relou mais hilarant de mon point de vue. Maintenant ils savent ce qu’on peut ressentir en tant que femme dans ce genre de situation.

La soirée se termine au Klub pour l’évent Sailor and Jerry, dont le rhum épicé est vite écœurant. La dégustation va cependant vite être écourtée pour ma part puisque Val me balance toute habillée, chaussures comprises, dans le jacuzzi. J’y reste juste le temps de bouffer quelques sucettes avec Romain, coller ma main dans la gueule d’un relou et tenter de sociabiliser avec un anglais. Puis les performeuses de Sailor me virent et je rentre en culotte et en veste, trempée, au camping. Je me vengerai Val !

DIMANCHE

Il y a des groupes comme ça qui te donne envie de te lever le matin, peu importe si la nuit a été courte. Turnstile en fait partie. Et comme je ne rate jamais une occasion de faire tourner les talents je réveil Ralph et l’entraîne au premier rang. Il aura fallut deux minutes trente pour que l’homme s’exclame « putain, le chanteur il vient de perdre 3500 calories d’un coup! » et qu’on invente une échelle de Turnstile servant à évaluer le niveau de dynamisme d’un groupe, noté de 1 à 10. Les mecs sont à 11 sur leur propre échelle. Des malades. Les gratteux sont montés sur ressort et sur rotors. Brendan fait des allers retours scène public, sautant depuis les planches, remontant les deux mètres de hauteur à la seule force des bras. On ne sait plus où donner de la tête. La fosse est bien dynamique pour un matin dominical. Le public ressort de là convaincu et enthousiaste.

On rejoint Narm et Yoni devant les mainstages. Dragonforce joue. Je ne peux m’empêcher de m’asseoir. Puis de m’allonger. Puis de m’endormir. C’est le cycle de l’ennui mis en place par le groupe. La sieste se poursuit devant le set de Tarja Turunen, mais j’y met fin à l’arrivée de Gojira sur scène. Mes oreilles peuvent supporter beaucoup de choses mais pas la branlette egotrip des français. Je ne reviendrai sur site que pour Caliban, laissant Ralph retourner juger du kitsch de Megadeth. Il en ressortira plus convaincu qu’au Download, et plus que moi par des Caliban qui ne m’ont pas laissés un souvenir impérissable (d’ailleurs je ne m’en souvient pas). Mais là où le bat blessé c’est que j’attend ensuite patiemment au milieu de la bataille de copeaux de bois qui fait rage dans les gradins de la Warzone dans l’optique d’évaluer la prestation d’Heaven Shall Burn. Quand soudain ce n’est pas ceux que j’attend qui débarquent : c’est Wall of Jericho !

Putain je hais les changements de programme. Pour la peine je vais récupérer une veste et baffrer des galettes saumon / crème fraîche et chèvre / épinards, ma grande découverte culinaire cette année là. Je les trimbalent difficilement vers les mainstages surblindées pour le set de Ghost qui suit, mais finit par ne pas pouvoir avancer plus avant au niveau de la régie centrale. Décidément le destin est taquin, je me suis arrêté pile au niveau de Mika, Yannick et Bastien ! Ça se décongestionne un peu avec la fin de Slayer et je le faufile plus avant jusqu’à Ralph et son immense envie de pisser. Entre temps j’ai trouvé le moyen d’avaler des morceaux de ma fourchette en plastique.

Ghost c’est avant tout une ambiance et un univers visuel fort. Scéniquement carré et grandiloquent, c’est paradoxalement doux, sombre et incroyablement fédérateur musicalement. Et si j’accroche moins avec le temps, le spectacle vaut toujours le déplacement. Cette année ils ont mis à contribution femmes et enfants de Clisson. Les premières sont habillées en bonnes et distribuent des hosties. Les seconds font les chœurs sur Monstrance Clock, seul titre qui me fait encore un effet monstre. Et voir les petits cathos de la ville templière chanter de leurs voix juvéniles un hymne à Satan est délicieusement ironique. Ça me donne envie de finir mon Hellfest sur cette note profane comme en 2013. Il manque juste la pleine lune.

C’est sans un regard en arrière que je quitte le site, de peur de rompre le charme. Je file au Klub pour une ultime soirée aux couleurs du partenaire Jagermeister, du moins en théorie. En pratique à 2h du matin je n’aurais pas vu l’ombre d’une dégustation. Ralph s’est tiré à minuit, vaincu par une migraine, mais moi je voulais encore profiter des potes, que pour certains je n’avais pas réussi à croiser en cinq jours. Adrien par exemple ! Mais c’est déjà la fin de cette onzième édition plutôt faiblarde pour ma part en termes de concerts.

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