MOTOCULTOR 2018

17, 18 ET 19 AOUT 2018. SAINT NOLFF. PASS 3 JOURS : 95 EUROS.

VENDREDI

La nuit a été courte, nous ne sommes pas pressés d’arriver sur le festival ce matin. Pourtant il faut bien le découvrir, ce fameux Motocultor dont j’ai tant entendu parler. La fouille est plus méticuleuse qu’au Hellfest mais le festival en est encore à l’archaïque système de tickets pour les consommations. Les membres du Sausage Crew ont visiblement été très amochés par l’apéro de la veille. On installe nos Fatboy sous les rires des festivaliers : c’est que c’est pas simple à gonfler cette merde, quoique la pub veuille vous faire croire !

Axelle s’est faite voler son duvet pendant la nuit. Alors oui les températures sont basses, mais que les voleurs crèvent en enfer à défaut d’hypothermie. On aura tout vu. Une personne habillée en loutre vient twerker sur Anaïs. On va voir le groupe Cypecore pour commencer. Je décrirais ça comme une sorte de Black Metal futuriste inspiré de Babylone A.D. Surprenant visuellement à défaut de marquant musicalement. Svart Crown ensuite n’arrivent pas à me convaincre, contrairement au sandwich jambon-beurre du fest. Du reste on passera la majorité du vendredi allongés dans les Fatboys.

Sauf pour Devildriver. Non seulement c’est putain de bien mais en plus la bonne humeur de Def Fofara est plus contagieuse qu’une clase de primaire en période de gastro. Est-ce la raison de l’enthousiasme de Simon et de ses frères qui viennent me parler après ? Le mec taciturne montre pour la première fois un visage avenant. L’alcool. Je rejoins le groupe devant la Dave Mustage sans entrain à l’idée de voir Ultra Vomit pour la 124ème fois cette année. L’ambiance tourne de toute façon vite au vinaigre, comme l’estomac des festivaliers. On assiste à une multiplication de gens salement bourrés.

Je décolle acheter un plat au libanais que je mange en discutant avec Leyla. Tout à coup j’entend un bruit terrible juste à côté de moi. Un regard vers Anaïs me confirme que c’est le pire. On s’éloigne piteusement se mettre à l’écart de toute menace. S’ensuit un défilé de secouristes prenant en charge les comas éthyliques. Ministry n’a même pas commencé qu’un second fils de pute vient soulager son estomac devant nous. On rend les armes, les deux émétophobes que nous sommes allons passer le reste de la soirée dans la Jeep. C’est mon premier fest en huit ans gâché par de la viande saoule. J’espère que ça sera le dernier.

SAMEDI

Nous avons décidés de monter au festival à deux voitures depuis Vannes pour éviter la déconvenue de la veille en cas de soucis. Et comme rien ne nous intéresse avant Tagada Jones, on reste à l’appart à mater les Noces Funèbres. Par curiosité j’envoi un sms aux mecs qui nous ont laissés leur numéro accroché à l’essui glace de la Jeep. On convient de se retrouver après Tagada, histoire de voir à quoi ils ressemblent. Le premier parking étant plein on nous envoi nous garer à perpet. S’ensuit un périple dans un nuage de poussière si énorme que toutes les voitures qu’on croise sont marrons. On mate Tagada Jones de loin, à faire les chœurs avant de finir par un pogo de Fatboys. Les gars du numéro sont trois mineurs sans intérêt mais je salue leur audace.

On branle rien jusqu’à la moitié du set répétitif de Cannibal Corpse puis il est l’heure pour moi de filer chopper une frontline pour Shining (swe). A côté de moi un blond avec une coupe au carré essaie de soutenir son pote brun bourré. J’ai déjà peur que le duo Tulio et Miguel me foutent en l’air mon concert : suffirait que l’autre con soit malade. J’ai l’angoisse qui me broie les boyaux : putain, quel intérêt de trainer ton pote bourré devant un groupe qu’il verra pas ? Tu pouvais pas le laisser dans un coin et le récupérer après ?! Heureusement deux nanas viennent s’interposer entre eux et moi. Je peux retourner à ma contemplation de Niklas Kvarforth, en grande forme ce soir !

Et j’emploi le mot juste : le suédois s’est tailladé les avant bras et le sang ruissèle en long filets brillants. Il s’en couvre le visage et essuyant la sueur qui lui coule dans les yeux. Cette fois ci il est clean, il alterne chant clair et voix torturée sans accrocs et semble calme. Décidément cet homme me perturbe. Un coup il me fascine, et la seconde d’après il me dégoute. Le reste du groupe est aussi bon mais le mix est mauvais à se percer les tympans. J’espère qu’il sera plus correct pour Behemoth. J’avais demandé à Jochen de me garder une place au premier rang mais mon portable ne capte pas. Tant pis, je ferais le set entre Damz et Laurent. Pas optimal avec un placement sur le côté mais largement suffisant pour prendre une dérouillée sonore et visuelle.

Le son est presque parfait ce coup ci et les jeux de flammes sont aussi inventifs qu’impressionnants. Et l’ambiance ! Magique. Quant tu crois que ça ne pourra pas être mieux voila que Niklas débarque pour un duo avec Nergal sur la reprise A Forrest. Voila donc la raison de sa sobriété de tout à l’heure ! Le cachotier. Enfin on ne vas pas persifler, le résultat est là, je suis émue. Ca me donne envie de revoir les polonais en salle, même si la perspective de donner du fric à Live Nation pour se faire me file de l’urticaire.

Turisas et Punish Yourself au même moment, que choisir ? C’est pas comme si j’avais déjà vu plus de huit fois la bande à Vx. Va pour un moment épico-mad maxien donc. Et bien m’en a pris, le groupe t’embarque tellement dans sa chevauchée que je sens encore l’épée dans ma main et le dragon entre mes cuisses. C’est kitsch mais d’une efficacité redoutable, si bien que je plante Laurent pour prendre part à la bataille. Il faudrait pas manquer Stand up and Fight dans le pit ! J’y retrouve Tuix et me laisse même entrainer -Horreur !- dans un mélange de gigue et de circle pit. Surprise de taille, surprise disco, le groupe nous gratifie de sa reprise de Rasputin, ce qu’ils n’avaient pas fait au Hellfest. Je crois qu’ils ont sentis l’ambiance beauf du festival. En tout cas la fosse s’enflamme comme un préquel du Macumba qui ont posés leur tente sur le camping pour la durée du festival.

DIMANCHE

Le samedi a compensé la déception du vendredi? Qu’en sera t-il du dimanche ? Et bien on reste à roupiller tandis que Jochen se lève tôt pour voir Jinjer. Puis c’est au tour de Scra de partir alors qu’Anaïs et moi, comme la veille, préférons regarder Coco, le dernier Disney en date. Après quoi Anaïs me dépose car je veux voir Comeback Kid et Poppa Chubby. Il fait une chaleur bienvenue après deux jours frisquets. L’ennui c’est que j’ai pas envie d’aller pogoter par ce temps. Et aussi bons que puissent être Comeback Kid, loin du pit ça ne génère que de la frustration. Le core, ça se vit en fosse, point. Je m’en vais donc me placer pour Poppa Chuby dont j’entends vanter les dons depuis des années.

Je sens l’agacement pointer le bout de son nez : le guitariste a attiré tout ce que le festival compte de vieux hippies, métaleux défoncés et rockers sur le retour. Tout ce que j’aime en somme. Il est vrai que le blues du vieil obèse est cool et son jeu aussi impressionnant que son tour de taille, mais vingt minutes de gratouilles sans paroles c’est plus du plaisir, c’est de la contemplation d’onanisme. M’en vais écouter ça allongée dehors tiens. On mentionnera tout de même en bouquet final une reprise d’Hallelujah plutôt comique pour un festival de Metal.

Nashville Pussy enchaine, marquant l’heure de la queue pour la bouffe. C’est mortiflette au menu aujourd’hui. L’attente est rendu moins longue par une animation sportive : trois mecs se lancent une balle d’un bout à l’autre du festival et la rattrape dans des figures acrobatiques qui génèrent des gerbes d’éclaboussures de poussière. Un miracle qu’aucun ne se soit blessé dans leur ferveur ! C’est aussi l’occasion de pester une nouvelle fois contre le niveau sonore dix fois trop fort sur le fest : la subtilité, c’est pour les bien entendants faut croire.

Enfin la précieuse mortiflette est entre mes mains : c’est bon, c’est bourratif, tout ce qu’on demande à de la bouffe de festival. On avale ça vite fait avant la fin de Nashville Pussy car j’ai dans l’idée d’aller chopper la barrière pour les Tambours du Bronx. Julien, Opus et Thibault me rejoignent, et c’est tant mieux car je sens monter une crise de l’intestin irritable : il me reste vingt minutes avant le lancement des hostilités. La queue des chiottes me semble interminable. Miséricorde. Putain de crash barrière gelée qui a déclenchée la réaction ! Phil Campbell lance Ace of Spades pour conclure son set alors que je suis encore sur le trône. Vite, vite, vite, je repars comme une fusée en sens inverse, fend la foule et récupère ma place au moment où l’intro des Tambours du Bronx retentie.

Le show de ce soir est un set Metal crée pour l’occasion. On a Stéphane Buriez et Reno au chant et le style est clairement Punk. Je ne peux cacher ma déception, moi qui attendait un set tribal entièrement instrumental. Pourtant il n’y a pas grand chose à jeter chez les Tambours, qui offrent un spectacle aussi visuel que sensitif : une rangée de mecs torses nus qui frappent comme des sourds sur une douzaine de fûts métalliques dans une parfaite synchronisation ça marque. Le taux de testostérone est plus élevée que dans un match de boxe clandestin entre gitans. Une reprise de Dragula m’apprend que la musique de Rob Zombie est parfaite pour les Tambours. J’aurais été curieuse d’entendre Two Lines Black Top en version tribale.

La sécurité maintenant : ils réussissent l’exploit d’être encore plus cools et compétents que les challengers du Hellfest ! Les mecs prennent la peine de protéger nos têtes en plus de rattraper les très nombreux slamers, c’est très agréable de faire un concert front row dans ces conditions. Qui plus est ils sont souriants et n’hésitent pas à se charrier en bossant, un point qui fait parfois défaut aux non moins merveilleux challengers. On a ainsi droit à quelques pas de danses avant la précipitations pour rattraper les cons. Le concert se termine sur un lancé de percussion en échange de soutifs pour la collection personnelle du frontman. Plus de 900, donc 80 qui lui servent de rideaux dans son van de tournée. Ah oui quand même. Le mec à côté de moi, autoproclamé plus grande groupie de Francky Costanza interpelle son idole qui descend personnellement lui dédicacer une baguette. Un beau geste.

Moi j’interpelle le jeune rouquin sexy pour en savoir plus sur le set avec Sepultura. Certains ont parlés de vingt minutes de featuring, d’autres d’un set complet : où se situe la vérité ? Il nous explique qu’en raison des difficultés à répéter entre la France et le Brésil et à cause des nouveaux comme lui qui, arrivés il y a six mois, ne maitrisent pas encore le répertoire, ils ne feront que deux morceaux. Quelle déception ! Comme il se plait à discuter il reste avec nous. Il évoque l’euphorie de se retrouver devant 7000 personnes qui pogotent jusqu’à la régie, l’effort physique intense que demande le tabassage de fûts mais aussi le secret s’une synchronisation parfaite qui réside dans un décompte permanent des temps de frappes. Très intéressant. Du coup je ne bouge pas de mon premier rang, et tant pis pour Perturbator et Municipal Waste.

Et je ne regrette rien : ça a envoyé du très, très lourd ! Derrick Green a ce talent inestimable de pouvoir envoyer simultanément des patates et des sourires ! La joie du groupe est palpable, l’énergie circule, j’ai l’impression d’être une putain de hippie new age en écrivant cela. Encore une fois j’entend des gens me dirent qu’ils préfèrent cette version à celle des frères Cavalera. Tu m’étonnes, entre deux fondateurs amollis par l’âge et un fondateur entouré de sang jeune et explosif, qui d’après vous est le plus fidèle à la brutalité originelle du combo ? Et de la brutalité, le groupe en a à revendre ce soir. C’est primitif comme une reconstitution néolithique sur un chantier de fouilles archéologiques et la percussion de Derrick se paie le luxe d’envoyer plus de puissance que l’intégralité de la ligne de fûts des Tambours.

Alors quand tu mélanges le tout sur Roots Bloody Roots te voila plongé en plein guerre du feu. Au point que le flux de slamers se tarit quelques instants pour laisser place à la créativité des amateurs de baston du pit. Evidemment j’ai une pensée pour Julien, Sepultura étant le seul groupe capable de nous mettre d’accord avec Stupeflip. Ca suinte le feu, la cendre et le sang dans la fosse de la Dave Mustage. Fin du bordel, j’initie une ovation amplement méritée pour la grandiose sécu du festival. Et puisqu’ils nous ont rattrapés pendant trois jours, à leur tour de slamer !

On passe près de quinze minutes à les porter d’un bout à l’autre de la tente en scandant « La sécu ! La sécu ! ». Ils sont émus, ça se lit sur leurs gueulent de gros balèzes ! Oh, et j’ai aussi gagné contre un mec à Amstramgram pour avoir le médiator lancé par Andreas durant Territory. Et j’ai aussi chopé une percu des Tambours du Bronx, joie ! Scra et Anaïs sont déjà partis. Jochen m’explique que le punk a pété un câble quand les bars ont fermés à 23h, le laissant sur le carreau avec 13 tickets non-consommés. On se fait un dernier verre au camping et on passe au Macumba. Laurent me ramène à Vannes où l’on prend l’ultime apéro de ce week-end breton.

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