MENNECY METAL FEST 2019

13 et 14 SEPTEMBRE 2019. PARC DE VILLEROY. PLEIN TARIF : 38.50 EUROS.

On se souvenait d’une édition 2018 avec un temps complètement à chier, mais cette fois le beau temps à fait son apparition pour le plus grand plaisir des festivaliers qui ont été nombreux à poser leurs culs sur l’herbe verdoyante du parc de Villeroy. Et pas que, puisque cette année point de barrières pour barrer l’accès à la partie bar/ merch /restauration du site. Une initiative d’autant plus sympa que ça permettait à des passants et potes sans tickets de profiter aussi des concerts de la scène extérieure. Et de consommer, chose appréciable pour l’orga je suppose !

VENDREDI

Pas de fouille cette fois encore, un bon point pour les petits budgets comme nous qui avons pu ramener nos propres boissons, surtout que pour mon cas le Mennecy ne sert toujours pas de cidre pour compenser la bière. Enfin même sans ça, les prix ont été divisés par deux par rapport à l’année dernière : deux euros les frites, la crêpe ou le sandwich (taille divisée par deux aussi pour ce dernier, faut pas déconner), trois euros la pinte, c’est très correct.

Quelques soucis côté bénévoles, la faute à l’inexpérience pour la plupart : difficulté à retenir les commandes, produits non comptés, erreurs dans la monnaie rendue, on va mettre ça sur le compte du stress. Et ils vont en avoir leur dose avec un déficit de puissance du groupe électrogène qui fera sauter une friteuse et une tireuse. Une heure de queue et de grognements plus tard, les mecs de B&V viennent avec un nouvelle tireuse tandis que la mairie choppe un second groupe électrogène. Je salut cette réactivité.

M’enfin on est ici pour la musique, pas pour parler crêpes et service quatre étoiles, alors au boulot : c’est Lonewolf corp qui ouvre les hostilités avec un Heavy Metal français qui semble être le fil rouge de ce début de soirée. Les guitaristes sont franchement bons, mais je n’en attend pas moins d’un style où il est inutile de monter sur scène si tu n’as pas la pleine maîtrise de ton instruments : l’épique ne souffre pas d’approximation !

En revanche le frontman a vieilli, l’âge emportant la puissance de la voix dans les limbes. Et c’est dommage, parce que le chant c’est tout de même le deuxième pilier du Heavy Metal. Heureusement on a droit à Kob ensuite, qui eux sont la version pas une ride du genre. Leur vocaliste à eux se coltine une tronche à souder des rivets six jours sur sept qui évoque plus le Hardcore de Détroit que les franges ondulés de Londres et pourtant il te sort une voix à la Bruce Dickinson dans le plus grand des calmes.

J’ai grandi avec le Hard Rock, le Glam et le Heavy, donc la nostalgie tourne à balle quand j’en entend et je ne suis pas sure de la part de plaisir que je peux objectivement attribuer au jeu du groupe. Mais tu comprend du coup que j’étais contente de voir ADX pour la première fois dans la foulée, depuis le temps qu’on me bassine les oreilles avec les tauliers francophones du Hard.

Et bien j’ai pris mon pied ! C’était tout bonnement excellent. Bon, le chanteur doit être le seul membre originel du groupe avec le batteur, le reste ayant été remplacé par du sang jeune qui je suppose apporte beaucoup au dynamisme des vieux hardos. Et si les titres chantés en français prêtent parfois à sourire pour des gens habitués aux paroles anglophones, teutonnes ou scandinaves (quoique je rappelle que la seule raison pour laquelle ça fait classe les morceaux étrangers, c’est parce qu’on ne comprend pas ou qu’on ne prête pas attention aux couplets ridicules qui les composent. Essayez de traduire Highway Star et dite moi que ça fait pas kéké tunning) ils restent bougrement en tête : « DI-VI-SION, DIVISION BLINDEEEEEEE !!! »

J’ai parié que Sidilarsen ferait un discours au bout de cinq titres, soit sur le viol du Hellfest, soit sur Balkany. Et ben je suis heureuse de vous annoncer que j’ai perdu ! Un set des toulousains sans discours moralisateur c’est aussi rare et précieux qu’un neurone connecté dans le cerveau de Donald Trump. Mais appréciable du coup !

L’ajout d’écran vidéo sur la scène est une riche idée qui accentue leur côté electro-indus et apporte beaucoup à la mise en scène. Ils ont fait le pari de composer la setlist pour moitié de nouveautés ce soir, et on sent qu’ils ne sont pas totalement à l’aise avec. David, aka Jean-Michel géographie, va faire augmenter la gêne d’un cran en ne cessant de répéter « Allez le 9-3 » ! durant Retourner la France, un comble pour un morceau durant lequel les départements défilent en arrière plan sur les écrans.

Force est d’avouer que leurs nouveaux titres marchent très bien et emportent l’adhésion du public. J’ai des potes qui en sont ressortis totalement convertis aux vibes du sud-ouest. Je les laissent volontiers s’en remettre à la buvette, moi j’attend Prong avec impatience accoudée à la crash barrière, et notamment le jeu de basse de Jason Christopher.

Comment vous décrire l’immensité de ma frustration quand après quarante minutes de patience ce n’est pas le père Christopher qui s’empare de la basse ? Ou est Jason ?! Chez lui en train de chiller en pyjama avec son fils me dira big brother par le biais d’Instagram, il n’a simplement pas voulu faire le déplacement en France. Je suis scandalisée.

Ce bassiste là est plus agressif, mais moins groovy et au combien moins charmeur ! Et puis bon, c’est pas que j’aime pas Prong hein, mais je viens surtout pour les qualités de jeu du père Christopher. Parce que Prong, c’est solide comme musique, comme tout groupe de Metal ou Hardcore new yorkais, mais ça brille pas de créativité. D’ailleurs quand l’organisateur nous les présente comme son second groupe préféré après Slayer j’ai du mal à imaginer comment les américains peuvent être la formation favorite de quelqu’un tellement c’est dénué d’émotion.

Ceci étant dit, ça n’empêche pas le père Victor de se prendre la tête avec son fan numéro un pour une question de temps de set : il aimerait jouer plus longtemps, mais le monsieur dit non et tient bon. Alors le Tommy il nous fait sa tête de gamin pas content et gratte quand même un titre, bien conscient que l’orga n’osera pas les arrêter avant qu’ils n’aient joués Snap your fingers, snap your neck.

Un concert en demi-teinte que la moitié de la salle a lâché en cours de route, et je ne peux pas dire que je ne comprend pas pourquoi. Reste Septic Flesh (ouais j’ai appris que ça s’écrit Septicflesh maintenant, mais je m’y fais pas) dont j’attend beaucoup pour ce premier live. Un peu de mélodeath en fin de journée ne peux pas faire de mal, surtout après les très terre à terre Prong.

Rien qu’aux tons lumineux ont change radicalement d’univers. Les teintes rouges et jaunes ont laissées la place au froid mordant du bleu et blanc grec. Les mecs ne sont pas venus réchauffer les âmes, ils sont venus y planter un xiphos aiguisé sous les yeux bienveillant d’Arès et Athéna.

L’intro, grandiose, les gros riffs de guitares et les armures de cuir des musiciens : on reconnait bien là la théâtralité dramatique de Septic Flesh. Déjà ils sollicitent les faveurs du public comme des concubines exigeantes. Seth affiche son air patibulaire, mais presque. Avec son air raffiné et son regard glacial il ferait un bon Dracula. Ou Hannibal Lecter pour peu qu’on lui apporte un chianti et des fèves au beurre.

Jets de fumée, jeux de lumière, mélodies pour transition et ambiance mystérieuse de bal de vampire sous un ciel de minuit, il est facile d’être emporté par la musique des grecs dans un monde mystique, et même mythologique. Bon élèves, les mecs n’ont pas hésités à baptiser leurs titres au gré des divinités du pourtour de la Méditerranée : Prométhée, Anubis… Pourtant c’est bien Babylone que m’évoque leur musique, et non la Grèce ou l’Egypte antique.

Je n’ai pas vu le temps passer lors de cette première confrontation aux hellènes, signe indéniable d’un très bon set ! Il est maintenant temps de prendre la route et de profiter d’un sommeil réparateur pour aborder fraiche et dispo la seconde journée du festival, d’une programmation plus énergique.

SAMEDI

Rien ne ressemble plus à un groupe de Metal moderne qu’un autre groupe de Metal moderne. Daturha ne font pas exception, et ne propose rien d’exceptionnel. Ba, c’est l’occasion d’aller siroter un verre de cidre en jouant au Loup-Garou avec de parfaits inconnus à l’ombre bienveillante des arbres centenaires du parc.

Le fan hardcore de Smash Hit Combo (tout ceux qui l’ont déjà croisé voient de qui je parle) déambule depuis hier dans le festival en cassant les couilles aux gens. Sans déconner, ce mec est le Obélix de la drogue : il a du tomber dans une marmite d’acide qui l’a fait planer tellement loin que son esprit n’en est jamais revenu. Les gamers du Metal commence à peine leur set qu’on le retrouve déjà à genoux en train de frapper le sol de ses poings ou tournant en rond avant d’aller se frapper la tête contre un mur. Je reste toujours bouche bée à l’idée qu’il arrive quand même systématiquement à prendre sa place et se transporter jusqu’aux lieux des concerts sans encombres.

Bref, passons. Smash Hit ça surprend les premières fois mais au bout de la septième ça tourne tout de même un peu en rond, d’autant plus quand on les a vus avec des mise en scène plus élaborées. Ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit, ça reste très efficace. Je déconnecte le cerveau et regarde les potes faire la macarena en mode Smash Hit Cumba. Comme quoi cette danse passe vraiment sur tout et n’importe quoi !

Je les abandonne à la fin du set pour attendre Gorod de pied ferme. Et c’est sans chichis que les mecs distribuent les premiers riffs dévastateurs qui foutent en PLS tout les guitaristes de la salle. Et je te parle même pas de la basse qui devient un distributeur d’ondes de destruction massives quand elle ne devient pas groovy à faire zouker un facho le temps de quelques mesures.

C’est donc extrêmement dommage que le mix soit dégueulasse comme une macédoine de légumes industrielle, mélangeant tout les instruments dans une bouille infâme en oubliant la voix au bord du trottoir. Ça aurait pu, ça aurait du être le feu, au lieu de quoi ça a sonné à mes oreilles comme un pétard mouillé. Je suis frustrée. J’ai bien envie de bouffer l’ingé son, console comprise.

Même merde pour les Tambours du Bronx qui livrent une performance intense visuellement mais faiblarde en termes de son. Une vrai déception. Qui n’est rien à côté de celle que constitue le Bal des Enragés et qui n’est imputable qu’à eux même. Dire que je me plaignais déjà à l’Alhambra d’une setlist naze : c’est qu’elle passerai pour un chef d’oeuvre à côté de celle de ce soir !

Où sont les classiques du punk ? Le Metal ? Le putain de Hardcore ?! Où sont les scénettes sulfureuses qui faisaient naguère leur sel ? Ils arrivent même à rendre Bullet in the Head mollassonne bordel ! T’ajoute un set de 2h30 beaucoup trop long et tu peux te figurer une séance de masochisme où l’ennui le dispute à une douloureuse nostalgie. Allez, on va pas s’infliger ça jusqu’au bout, on se barre au bout de deux heures avec ce qu’il nous reste de regrets.

Une journée de déception qui succède à une journée parfaite, ça doit être ça le fameux retour de bâton qu’on appelle le karma.

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