GLORYHAMMER x NEKROGOBLIKON x WIND ROSE

MARDI 28 JANVIER 2020. LE TRABENDO. PLEIN TARIF : 28 EUROS.

Je n’étais pas jouasse ce matin là : la veille, j’étais censé aller voir Insane Clown Posse à la Machine du Moulin Rouge, un groupe que j’attend depuis dix ans. Mais ces abrutis de clowns ont trouvés le moyen d’annuler l’intégralité de la tournée européenne à dix jours de la date. Décidément, on ne les verra jamais en France, et je vais être obligé de bouger mon cul jusqu’aux Etats-Unis pour espérer voir leurs sales gueules ricanantes.

Bref, j’ai envie de compenser cette déception en concert. Je n’ai que l’embarras du choix ce soir : Five Finger Death Punch et Megadeth au Zénith, Abbath et 1349 à la Machine, et Gloryhammer au Trabendo. Dans le premier cas j’ai pas besoin d’hésiter longtemps, il faudrait me payer aujourd’hui pour m’attirer dans un concert de ces flipettes de badass ricains en carton, et quitte à voir du kitsch je préfère Gloryhammer à Megadeth. Problème, la date est complète depuis des mois. Reste bien 1349, sauf que se garer à Pigalle c’est la merde, et puis j’ai pas spécialement envie de Black ce soir, surtout quand mes chouchous de Nekrogoblikon passent en face.

Donc j’écume la page Facebook de l’événement, slalomant entre les arnaques d’étranger revendant des places à prix réduit dans un français approximatif, annonces qui fleurissent depuis peu de temps sur toutes les pages de concert. Depuis la mise à pied de Viagogo et ses faux billets vendus 50 fois, fallait bien trouver autre chose. Je tombe finalement sur un mec qui revend deux places physiques, remise en mains propres, le Graal absolu des décisions de dernière minute.

Me voici donc à 18h15 devant le métro porte de Pantin à attendre sous la flotte que le vendeur se pointe pour 19h15. Je suis bien passée voir au Local Rock et devant le Zénith si les potes qui allaient voir Megadeathpunch étaient là pour leur faire un coucou, mais les portes de la salle ont ouvertes à 17h30, l’heure du goûter : bientôt il faudra poser son après-midi pour voir des concerts. Quand à 19h ma place arrive enfin entre mes mains, j’ai déjà les cheveux qui collent au visage et les chaussettes qui font floc-floc dans les bottes. Premier réflexe de survie évident : tout virer une fois dans le Trabendo et tout étaler sur des barrières pour faire sécher.

J’ai trouvé une place très sympa, montée sur une barrière latérale et les pieds sur le caisson de basses, avec vue plongeante sur la scène sans l’assourdissement des enceintes. Wind Rose s’apprêtent à ouvrir et je suis impatiente de découvrir en live une musique qui me fait penser à un mélange de loufoquerie à la Trollfest et d’un côté un peu plus sérieux à la Korpiklaani. Sauf qu’ils sont italiens, pas nordiques. Je veux surtout entendre Diggy Diggy Hole, le titre le plus entraînant de l’année 2019, tellement entêtant qu’il fait un ver auditif au moins aussi bon que le Nian Cat ou dix heures de Leek spin même.

Le chanteur est-il réellement atteint de nanisme ? Toujours est-il qu’il est la parfaite illustration du nain de Tolkien tel qu’on l’imagine, et qui est la toile de fond de l’univers du groupe. J’imagine que c’est les deux sont liés, vu le nombre de groupes qui choisissent une orientation à partir de private jokes. Et si la tenue du frontman semble de bric et de broc, elle a du style. On peux en dire autant de la musique, avec ses nappes de synthé pour les instruments traditionnels et son aspect folk scandinave assez éloigné du pays d’origine du groupe. Le public est connaisseur, les refrains sont repris en chœur, ça danse joyeusement dans la fosse, une rareté pour une première partie.

Et quand arrive Diggy Diggy Hole, je sens non pas mon instinct de guerrière naine remonter (quoique), mais celui d’archéologue habituée à manier la pioche, prête à faire des trous pendant 10h d’affilées, couverte de boue, ou de ramper dans des boyaux à peine plus large que moi avec une pelle accrochée dans le dos et une truelle à la ceinture pour la gloire de la science ! J’ai hâte de la passer en boucle durant la prochaine campagne de fouille. Malheureusement, c’est le drame des premières parties, le set est trop court. Je me console à l’idée que c’est pour laisser plus de temps à Nekrogoblikon.

SETLIST WIND ROSE

  1. Of Iron and Gold
  2. Wintersaga
  3. Drunken Dwarves
  4. Mine Mine Mine !
  5. Diggy Diggy Hole
  6. To Erebor

J’imagine l’incrédulité des personnes présentes ce soir quand ils ont vus un groupe de Death Metalcore Mélodique mené par un Gobelin programmé entre deux groupes de Power. Les plaintes étaient nombreuses sur le net et dans la file d’attente, et je ne peux pas dire que la venue de Nekrogoblikon sur cette date ne me surprend pas aussi. M’enfin présentement la moitié de la salle fait une chenille géante sur Take On Me de A-Ha pendant le changement de plateau, et ça colle plutôt bien à l’esprit des américains, donc ça devrait bien se passer.

Un mec déguisé en Gobelin finit d’enfiler son costume derrière moi, avant de monter sur les épaules d’un pote pour s’approcher du groupe, qui vient d’entrer en scène avec The Many Faces of Dr Malbeck, leur nouveau bébé. John Goblikon a opté pour un pyjama multicolore à haut potentiel épileptique qui fracture la rétine de toute personne aventurant son regard sur lui. Même les grattes sont devenues fluo, je vois que les mecs assument à 200% leurs conneries aujourd’hui, là où ils faisaient encore preuve de retenue il y a quatre ans. Faut dire que leurs compositions intègrent de plus en plus de passages pop pétés et electro kitsch, et que leurs clips sont devenus des trésors de What the fuck hilarants. M’enfin pour l’instant c’est No Ones Survives, et celle là n’est pas faite pour assouplir les zygomatiques, elle a plutôt pour ambition de déchaîner la saloperie au nez crochu qui se cache à l’intérieur de nous.

Je me sens moins seule quand j’entend d’autres personnes me soutenir au moment ou je réclame We need a gimmick ! en hurlant comme une timbrée trois fois d’affilées : on est pas nombreux, mais on est là, les amateurs de gobelins. S’ensuit la dansante Darkness, qui a un côté Carpenter Brut avec ses nappes de synthé rétro et son propos plus sombre. Je suis très heureuse de headbanguer en zoukant. Rétro-futuriste mêlé de kitsch RPG avec Dragons, ça pue la nostalgie de nerd chez ces garçons, j’adore.

Pour honorer leur titre éponyme John Goblikon nous gratifie d’un étonnant solo de planche à repasser, dont je me demande encore où il est allé la chercher. Le set se conclue avec l’harmonieuse et efficace Powercore. Car attention, chez Nekrogoblikon on est peut-être cons, mais on ne fait pas de concessions sur la qualité des riffs, et moins encore sur la violence mélodique des solos qui sonnent ici comme des œuvres de Vivaldi. Et c’est là que je regrette un mixage désolant du son, parce qu’il faut tendre l’oreille pour entendre les guitares et la voix. Est-ce qu’un jour j’aurais le plaisir de les écouter accompagné d’un bon ingé son ? L’avenir nous le dira.

SETLIST NEKROGOBLIKON

  1. The Many Faces of Dr Hubert Malbec
  2. No One Survives
  3. We Need a Gimmick
  4. Darkness
  5. Dressed as Goblins
  6. Dragons
  7. Nekrogoblikon
  8. The Magic Spider
  9. Powercore

Le matin même je ne connaissais pas Gloryhammer sinon de nom, et n’avait aucune idée de ce à quoi m’attendre. Dans ma tête j’imaginais un truc à la Powerwolf. Comment vous décrire ma stupéfaction quand un technicien vient placer une image cartonnée taille réelle d’un chanteur d’opéra pour une intro à la Pavarotti, avant de revenir l’enlever pour lancer la véritable intro du groupe ? Comment vous expliquer que j’attendais tout sauf à voir débarquer Robin, l’acolyte de Batman, entouré de mecs en legging grimés comme des sorciers de bandes dessinées heroic fantasy, un viking en carton et même un hussard à épaulettes pour le batteur ? Comment vous faire ressentir mon désarroi en entendant des paroles racontant un combat contre les forces du mal entre des chevaliers galactiques accompagnés de licornes et des sorciers futuristes ?

En fait, c’est la comédie musicale Masters of the Universe le bordel. Et vous savez quoi ? Ça a beau être le truc le plus kitsch que j’ai jamais vu de ma vie, c’est incroyablement bon ! Je me surprend à chanter les paroles et même à faire les chœurs de titres que j’entend pour la première fois, emportée par une ambiance phénoménale à base de pogos et de slams en tout sens. Deux gamins déguisés en licornes brandissent des peluches licornes au premier rang. Le frontman, Angus McFife de son pseudo, se bat avec un marteau géant en papier mâché. Ils ont un univers avec un cri de ralliement, le fameux « Hoot ! », que le public scande plus souvent que le nom du groupe. J’ai l’impression d’assister à un jeu de rôle géant où chaque fan se sent l’étoffe d’un dragonnier et est persuadé de partir en croisade contre les méchants sorciers de l’espace aux côtés des musiciens.

Le pire dans tout ça, c’est que c’est contagieux, certes, mais niveau musique c’est aussi irréprochable ! Épique à souhait, sacrément accrocheur, des solos incroyable, je ne peux qu’y voir les Iron Maiden modernes. Ils ont de l’humour, et également de bonnes idées d’animation : pour faire gagner un t-shirt à un mec, il lui soumette une quête : il doit aller en slamant jusqu’au bar commander une bière, et la ramener en slamant aussi sur le retour. Et vous savez quoi ? Le type relève le défi avec brio ! Même si la plus grosse partie de sa bière aura arroser le public. Je m’incline.

Au delà des costumes la mise en scène passe aussi par des jeux de lumières pertinents, des interludes mélodiques pour les transitions et des discours interactif puisque le public répond aux menaces du méchant comme aux harangues du héros au marteau. Je passe vraiment un moment super fun, comme dans une attraction Disneyland. Alors oui c’est pas destiné à plaire aux puristes pour qui le metal doit être sérieux, je pense même que ça doit être le groupe parfait pour leur faire pousser des furoncles au cul. Mais pour tout ceux qui ne sont pas allergiques au kitsch et à l’héroic fantasy, foncez sans hésitez à un live de Gloryhammer !

SETLIST GLORYHAMMER

  1. The Siege of Dunkeld (In Hoots We Trust)
  2. Gloryhammer
  3. Angus McFife
  4. Magic Dragon
  5. The Land of Unicorns
  6. Questlords of Inverness, Ride to the Galactic Fortress !
  7. The Hollywood Hootsman
  8. Goblin King of the Darkstorm Galaxy
  9. Legend of the Astral Hammer
  10. Masters of the Galaxy
  11. Hootsforce
  12. Infernus Ad Astra
  13. Rise of the Chaos Wizards
  14. Universe on Fire
  15. The Unicorn Invasion of Dundee

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