CODE ORANGE x PALEDUSK

MARDI 27 JUIN 2023. LE TRABENDO. PLEIN TARIF : 31.80 EUROS

Quand Matthieu m’a proposé des invitations pour le passage de Code Orange dans la capitale, à peine dix jours après avoir reçu une correction me laissant encore un souvenir cuisant lors de l’édition 2023 du Hellfest, je n’ai pas hésité à braver l’inconstance des transports franciliens pour venir prendre une seconde claque sur l’autre joue. Mon petit côté messie surement.

J’ai entrainé Boucle d’Or dans cette aventure. Bon, le Hardcore c’est pas son truc, il préfère les hippies et les intellos. C’est le côté Prog de la musique de Code Orange qui lui a charmé les oreilles lors de cette même édition du Hellfest. Chacun ses mauvais goûts. Pour l’heure, la salle est tristement vide. Une aubaine pour chopper mon emplacement préféré, un crève-cœur pour Pale Dusk, le groupe japonais qui ouvre devant une salle au deux tiers vide.

Ça ne les a pas déstabilisés. Du tout. Just loose it d’Eminem retenti en guide d’intro. Ça annonce la couleur. Ils ont agressés le public d’aussi près que l’absence de crash barrière leur en a laissé l’opportunité, avec un mélange de Hardcore, de Rap et de Pop sucrée japonaise qu’aucun psychopathe n’aurait osé inventé, mais qu’ils nous ont servis avec une fureur de 10/10 sur l’échelle de Turnstile. Un exploit que même Get the Shot n’avait pas réussi à réaliser.

Le guitariste balance coups de pieds retournés sur coups de pieds retournés, comme s’il avait un compte à régler avec la musique. Il grimpe sur les caissons de basse, suivi de près par un chanteur qui n’hésite pas non plus à venir crowdkill dans le public pour lancer un mosh pit. Il prend d’ailleurs à parti les spectateurs avec des t-shirts à l’effigie d’Hatebreed et de Maximum the Hormone pour venir participer au chaos.

Le Trabendo se remplit peu à peu, attiré par la tempête nippone que n’importe quel profane aurait jugé préférable de fuir vu le bordel dans et hors de scène. Des proches du groupe mosh furieusement, au point de faire honte à nos coreux locaux. Avec ce que je viens de dire, tu imagines une musique ultra énervée ?

Je t’arrête tout de suite. Les mecs ont des troubles de l’identité. Le frontman passe sans transition d’un rap japonais au flow nerveux à des refrains entrainant portés par des samples de pop féminine, du chant clair au gros blegh des familles, tandis que la musique alterne gros riffs, petites ambiances piano jazzy, passages électro ou boite à rythme sans pression. C’est inclassable. Le public réagit bien et participe sans problème, qu’il s’agisse de prendre sa voix la plus kawaii pour chanter I’m ready to die for my friend ou de frapper violemment son voisin.

Je pensais m’échauffer gentiment en attendant la branlée Code Orange, l’univers a préféré me tabasser sans prévenir. Je n’ai qu’un regret, étant en milieu de tournée, le groupe n’avait plus un seul article de merch disponible à l’achat.

La barre a été mise haute pour Code Orange. Trop peut-être. Le son est un peu meilleur qu’au Hellfest, mais la setlist est moins bourrine. Je dit ça, notons que la formation n’utilise pas de setlist sur scène, ils connaissent l’enchainement de leurs titres par cœur. Et je dirais presque encore heureux, parce que le set ne durera que cinquante-cinq petites minutes, un scandale.

Pourtant ça commence bien, avec la violente et torturée Grooming My Replacement en en-cas, tellement inspirée par Slipknot que ça me réjouit l’oreille, suivie de près par l’inquiétante et toute aussi furieuse Swallowing the Rabbit Hole. Jami Morgan possède ce fameux regard par en dessous inquiétant et ténébreux dont rêve tous les dark Sasuke. Il est habité. Et il rentre au panthéon de mes vocalistes préférés, confirmant ma théorie personnelle postulant que les batteurs reconvertis font les meilleurs chanteurs (coucou Dero Goi, Sully Erna et Dave Grohl).

La guitariste Reba Meyers n’est pas en reste en ce qui concerne le charisme. Elle capte l’attention avec son jeu et ses jets de cheveux roux. On continu de plonger en enfer avec In Fear. La voix de Reba apporte beaucoup de malsain. Je suis aux anges. Puis viennent les lignes électro si caractéristique des films d’action du début des années 2000 de Drowning in it, de celles qui te donnent envie de prendre le volant la nuit sur des autoroutes urbaines dans des courses poursuites endiablées.

Je commence à voir la pente descendante avec Bleeding in the Blur. La voix féminine prend le dessus, les riffs se calment, et j’accroche moins. En plus il y a du solo de guitare, et vous savez comme j’aime ça (Non). The New Reality et Spy viennent remettre un coup de fouet dans la salle et dans la fosse. Le circle pit est tellement large que c’est limite si les sportifs ne courent pas sur les marches du Trabendo. A défaut certaines se rétament dessus, vite relevés par leurs compères.

Et puis c’est la douche froide. Le gros passage Prog contemplatif. Ça a du durer 15 minutes à tout péter, mais sur un set de moins d’une heure ça m’a paru une éternité. Out for Blood arrive comme une bouffée d’oxygène, le pit se relève. Je suis plus mitigée vis-à-vis de My world, je la trouve poussive. Forever fait le taf, sans plus. On est sur une fin de set qui frôle la déception.

Et puis vient cet unique rappel inattendu avec I Am King qui annihile tout ce qu’il reste de la salle sur l’un des breakdown les plus violents que j’ai vu. Et c’est là dessus, alors que le concert ne fait que commencer finalement, que le groupe nous laisse, une bonne trique entre les mains dont on ne sait quoi faire. Privés de dessert. Il n’y aura bien que le sourire chaleureux improbable d’un Jami descendu discuter, lui qu’on ne voit toujours que l’air renfrogné, pour dissiper la frustration énorme que représente ce demi concert.

SETLIST CODE ORANGE

  1. Grooming my Replacement
  2. Swallowing the Rabbit Hole
  3. In Fear
  4. Drowning in it
  5. Bleeding in the Blur
  6. The new reality
  7. Spy
  8. Dream 2 / Dreams in Inertia
  9. Autumn and Carbine
  10. Out for Blood
  11. My World
  12. Forever
  13. I Am King

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